L’agriculture africaine à l’aube de sa révolution digitale ?
Publié fin juin, le premier rapport du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) sur la digitalisation de l’agriculture africaine adresse un message clair : de plus en plus utilisées par les populations rurales, les solutions numériques devraient stimuler durablement la productivité et l’emploi dans le secteur agricole.
Souvent délaissée par les pouvoirs publics malgré son poids économique important – 50 % de la population active et 20 % du PIB continental –, l’agriculture africaine pourrait réussir sa transition grâce à « la révolution digitale » en cours : telle est la conclusion de l’étude du CTA, réalisée conjointement avec le cabinet de conseil en stratégie Dalberg Advisors. Selon les données fournies par les auteurs de celle-ci, 33 millions d’agriculteurs africains (13 % du total) auraient utilisé à fin 2018 près de 400 solutions d’agriculture numérique différentes (voir graphique ci-dessous) pour répondre à un besoin spécifique : informations météorologiques via SMS ou applications, services de conseils agricoles, services financiers, gestion des chaînes d’approvisionnement pour assurer la traçabilité, logistique du « dernier kilomètre »…
Un choix payant. Toujours selon les informations du rapport précité, ceux qui ont utilisé ces solutions digitales auraient vu leurs rendements augmenter de 23 à 73 %. Quant aux revenus, ils auraient progressé de 18 à 37 %. « Mieux encore, les modèles qui regroupent plusieurs solutions sont associés à des hausses de rendements pouvant atteindre 168 % », relève le CTA. Au total, le marché actuel de la numérisation des services agricoles en Afrique représenterait un chiffre d’affaires annuel de 143 millions de dollars. Une goutte d’eau cependant pour les chercheurs du CTA, qui évaluent le marché « potentiel » à 2,6 milliards de dollars, soit 18 fois plus.
Reste que si les solutions digitales apportent une vraie valeur ajoutée aux exploitants agricoles africains, elles demeurent inégalement distribuées (et utilisées) suivant les régions, plus de la moitié de ces solutions se trouvant en Afrique de l’Est – anglophone – notamment au Kenya, laboratoire africain de cette révolution en devenir. Des technologies portées le plus souvent par des acteurs privés (entreprises télécoms, fintech…) opérant dans la « m-agri » – de l’anglais « mobile agriculture » – et qui, évidemment, ne sont accessibles qu’aux paysans possédant un téléphone portable ou un Smartphone…